CARÊME : TEMPS PROPICE POUR LA PÉNITENCE
Chaque année depuis le quatrième siècle, l’Eglise catholique propose un moment favorable pour ses fidèles de méditer profondément sa vie chrétienne, de réfléchir sa situation actuelle en vue d’entrer davantage dans le mystère de Dieu. Le carême.
Les quarante. Etymologiquement, carême vient du latin quadragesima, le quarantième jour. «Quarante», nombre très signifiant et qui revient tant de fois dans la Bible en ne citant que les 40 ans du désert des Hébreux, les 40 jours de jeûne de Moïse sur la montagne avant la remise des Tables de la Loi ; et surtout, les 40 jours de jeûne de Jésus Christ dans le désert entre son baptême et sa vie publique (ministère). Du mercredi des cendres à la grande cérémonie du samedi saint, L’Eglise consacre ces 40 jours (6 dimanches ôtés des 46 jours) pour vivre le carême : une période pénitentielle.
Carême : moment joyeux ? Rappelons que le carême est un parcours de conversion cheminant vers la Pâque. L’imposition des cendres sur le front, signe austère, nous mène à la reconnaissance de notre petitesse, notre fragilité et notre condition mortelle, mais réparées par la Miséricorde de Dieu. La couleur violette nous rappelle une conversion intérieure. Toute la décoration changée dans l’église nous incite au changement interne. L’Eglise donne à ses fidèles des facteurs favorables à la conversion du cœur et au retour à la réconciliation avec Dieu et les prochains. C’est le temps privilégié que l’Eglise oriente les âmes à suivre l’Evangile et à lui conformer leur propre vie. Donc, c’est un grand atout qui rame notre petite pirogue vers la rencontre avec Dieu et l’autre. N’est-ce-pas une grande joie ?
Les trois piliers du carême. Depuis son baptême, un fidèle vit sa vie chrétienne. Mais il est nécessaire d’aller plus loin. L’Eglise propose ces trois piliers inséparables.
La prière : elle est intégrée dans notre vie quotidienne. Pourtant, on nous invite d’écouter mieux et de mettre en pratique davantage la Parole de Dieu.
C’est une voie qui nous mène à l’écoute de Dieu et à l’écoute de l’autre.
Le jeûne : l’Eglise n’impose pas de même façon l’abstinence dans des pays différents : très atténuée dans les pays pauvres. Nous vivons dans un pays aisé où la plupart de nos besoins sont pourvus. Parallèle à la prière, l’Eglise nous apprend de serrer un peu la ceinture. Le dressage du corps nous fait entrer mieux dans l’ambiance de la prière. En revanche, la prière nous aide à céder au besoin du corps.
L’aumône : c’est la conséquence favorable des deux précédents.
Parfois, on est tenté de faire l’économie en visant la festivité pascale ou les jours qui suivent. L’Eglise nous oriente de réfléchir sur notre société de consommation, notre gaspillage. Elle nous incite à penser aux milliards d’âmes qui vivent au-dessous du seuil du normal. Nous apprenons aux enfants que quelque part, il y a des enfants qui meurent de faim, qui ne vont pas à l’école, qui n’ont pas de parents qui donnent de l’affection. Le partage.Evidemment, les contraires de ces trois piliers sont des péchés inacceptables par Dieu : l’indifférence à Dieu, la consommation excessive incontrôlée et l’égoïsme. Dieu nous invite de libérer nos cœurs de ces choses embarrassantes et de donner place à l’Amour.
Le message du Pape de l’année 2017 : « Toute vie vient à notre rencontre est un don et mérite accueil ».
Tel est le titre de ce message qui s’enracine sur la parabole du riche et Lazare (qui signifie « Dieu vient en aide ») le mendiant (Luc 16, 19-31). « La Parole est un don. L’autre est un don ». La Parole, parce que nous y puisons des vraies richesses intarissables. L’écouter, c’est mettre en pratique ses conseils : la prière, le jeûne, l’aumône. Ne pas l’écouter, c’est renoncer au don de Dieu (Luc 16,31). L’autre, parce que écouter Dieu, c’est voir l’autre et ouvrir la porte à ceux qui sont dans le besoin. La cécité et la surdité empêchent les riches de voir les pauvres. Pourtant, nous voyons Dieu dans le visage de l’autre. Chers chrétiens, tournons-nous vers la Parole de Dieu, les autres et les Sacrements (surtout le Sacrement de Réconciliation et celui de l’Eucharistie).
L’Abbé RANDIMBIARISON MARIE Jean François