Texte de l’Évangile (Jn 3,1-8)
Un notable parmi les Juifs vient trouver Jésus en secret. Sa démarche est personnelle : il s’est désolidarisé du groupe des pharisiens auquel il appartient. Par mesure de prudence, il préfère cependant rester discret : il vient de nuit, symbole du manteau d’ignorance qui couvre notre humanité depuis qu’elle s’est retirée de la présence de Dieu.
Ce fils d’Abraham voit les « signes » que Jésus accomplit et qui témoignent de la présence agissante du Tout-Puissant ; il « sait » que c’est « de la part de Dieu » que ce Rabbi délivre son enseignement. Mais il demeure incapable de discerner son identité profonde. C’est pourquoi il vient lui demander de l’aider à sortir de sa perplexité.
« En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu ». Il s’agit de naître, c’est-à-dire d’accueillir une vie que nous ne possédons pas encore et qui nous vient « d’en haut ». La tournure de la phrase suggère une opposition avec notre vie naturelle, qui viendrait donc « d’en bas », et ne nous permettrait pas d’accéder au Royaume de Dieu.
L’expression « naître d’en haut » évite de nommer Dieu tout en le désignant sans ambiguïté. Il faut donc naître de Dieu pour pouvoir « voir », c’est-à-dire accéder au mystère du Monde nouveau qui s’annonce en Jésus ; il faut devenir fils de lumière pour pouvoir reconnaître celui qui est la Lumière du monde, il faut accueillir la grâce de la filiation pour pouvoir confesser le Fils unique.
« Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » Comme seule réponse, Jésus réitère avec insistance la même exigence, tout en précisant ce que signifie « naître d’en haut » : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ». Curieusement, dans l’analogie utilisée par Jésus pour décrire cette nouvelle naissance, il semble qu’il y ait deux principes : « l’eau » et « l’Esprit », tous deux étant nécessaires pour nous engendrer à la vie nouvelle. Ce mystère s’éclaircira tout au long du quatrième Evangile, dans l’annonce progressive de la venue de l’Esprit Saint, qui introduira les disciples dans la vérité toute entière. Plongés avec le Christ dans les grandes eaux purificatrices de sa mort, nous sommes appelés à ressusciter avec lui dans le souffle de l’Esprit.
De même que le Ressuscité échappe définitivement aux prises des hommes, ainsi en est-il « de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit » : tout en étant encore au cœur de ce monde, il se meut déjà dans le Royaume. Il a compris que « ce qui est né de la chair n’est que chair » et retournera à la poussière ; mais que « ce qui est né de l’Esprit est esprit » et participe à la vie même de Dieu. C’est pourquoi il est libre par rapport aux puissants de ce monde, n’étant plus attaché à ce qui les obsède et ne craignant plus leurs menaces.
C’est bien le témoignage que nous laisse la première communauté chrétienne (Première lecture : Ac 4,23-31). Alors que l’orage gronde et que s’annoncent les persécutions, loin de demander à Dieu d’éloigner d’eux cette menace, ils s’en remettent à lui en toute confiance, le priant seulement de les renouveler dans l’Esprit Saint, afin qu’ils puissent annoncer la Parole de vérité « avec une parfaite assurance », et accomplir « au nom de Jésus » les signes qui l’accréditent.
Après avoir célébré la Résurrection du Christ, sa victoire sur la mort qui est l’élément central de la foi chrétienne, nous continuons notre cheminement vers la fête de la Pentecôte. Baptisés et confirmés, soyons les témoins courageux que le Seigneur convoque pour la nouvelle évangélisation.
Père LALEYE Angelo