Quel est le rôle de l’Esprit Saint pendant le Carême ?
Au début du carême, nous entendons que le Christ, après son baptême dans le Jourdain, fut conduit, dans l’Esprit, à travers le désert pendant quarante jours. Il en va de même pour nous.
Quel est donc le rôle de cet Esprit qui nous pousse au désert avec Jésus ?
Récemment, j’ai célébré un baptême d’un petit enfant. Le passage de l’Evangile qui y a été lu (Jn 15, 1-8) n’est, malheureusement, pas souvent choisi et pourtant, il nous rappelle le sens de notre vie avec le Christ, le sens de notre vie baptismale, et il peut d’autant plus nous aider à comprendre le rôle de l’Esprit Saint et mieux vivre ce temps du Carême qui nous conduit à Pâques.
En voici le début : « À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu’il en donne davantage ». Les efforts de carême qui nous sont demandés sont donc ceux qui vont nous permettre de laisser Dieu émonder la vigne pour que nous portions davantage de fruits.
Le Christ poursuit : « Demeurez-en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi ». Nous voici prévenus, si nous voulons que notre chemin avec le Christ soit porteur de fruits, nous devons apprendre à demeurer en lui, tel le sarment qui se greffe à la vigne pour y faire sa demeure et recevoir de la vigne ce qui la fait vivre. Le baptême n’est donc pas simplement un plongeon dans la vie de Dieu, où nous sortons après y être entrés, mais c’est à la fois le désir d’entrer dans la vie que Dieu nous partage en plénitude (« Je suis venu donner la vie et la vie en abondance », Jn 10,10), et ouvrir notre vie à la source même de la vie pour que Dieu y entre et fasse en nous sa demeure. Lorsque nous laissons le Christ demeurer en nous alors nous laissons la sève remplir le sarment que nous sommes : c’est ça avoir part à la vie divine. Autrement dit, Jésus nous nourrit de ce qui Le fait vivre. Or, ce qui fait vivre le Christ, c’est bien l’Esprit que le Fils partage en communion avec le Père : Jésus veut nous remplir de ce souffle de Vie.
Comment savoir si l’Esprit porte en nous du fruit, si le sarment que nous sommes produit davantage les fruits que le Père attend de nous ? St Paul nous le dit en Ga 5, 22-25 : « voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi… Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit ».
Ainsi, nos efforts de carême doivent se mesurer, non pas à l’aune de notre propre satisfaction, de ce que nous voudrions être ou de ce que nous voulons changer dans notre vie, mais bien à l’aune de l’œuvre de l’Esprit et des fruits qu’il nous fait porter. Nos efforts de carême nous aident-ils à vivre dans l’amour de Dieu et du prochain ? Nous donnent-ils de vivre la présence de Dieu et d’entrer ainsi dans la joie et la paix ? Nous permettent-ils de vivre dans la bonté et la bienveillance dont Jésus saura témoigner jusqu’au bout avec cette douceur et cette maîtrise qui lui donneront de savoir pardonner même à ses bourreaux ? Etc…
Et le Christ de conclure : « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour ». Le terme de notre Carême sera la mort et la Résurrection de Jésus auxquelles nous sommes unis : « si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous… Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8,11.13.14)
Abbé Franklin Parmentier, Curé de la paroisse