L’Épiphanie

L’Épiphanie  signifie « manifestation »

Ce qui était caché, secret – la naissance du Christ dans une étable – devient visible aux yeux des hommes. Cette fête de l’Épiphanie (encore plus fêtée par nos frères orientaux que Noël) nous manifeste le salut apporté à toute l’humanité : « Le mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse » nous enseigne St Paul dans la première lecture aux Ephésiens.

La Sagesse de Dieu devient visible aux yeux du monde – on retrouve la prophétie d’Isaïe : « Debout Jérusalem, resplendis, elle est venue ta lumière.

       Les nations marcheront vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton aurore ». Oui, Dieu se fait homme pour que l’homme soit sauvé, ou en reprenant St Irénée : « L’Esprit est descendu sur le Fils de Dieu devenu Fils de l’homme : par-là, avec lui, il s’accoutumait à habiter dans le genre humain, à reposer sur les hommes, à résider dans l’ouvrage modelé par Dieu ; il réalisait en eux la volonté du Père et les renouvelait en les faisant passer de leur vétusté à la nouveauté du Christ » (Ad Haer 111, 17, 1)

Cette manifestation du mystère de Dieu fait homme à toutes les nations est symbolisée par la visite des mages dans l’évangile de Matthieu.

Après la simplicité des bergers, c’est l’intelligence de l’homme, à travers tous les chemins possibles de sagesse et de culture qui convergent vers l’enfant de Bethléem.

L’intelligence de l’homme s’ouvre à ce mystère. À travers la figure des mages, ce sont tous les hommes qui sont appelés à le découvrir. Que faut-il retenir, frères et sœurs, de cette histoire sainte.

Je vous propose trois pistes de réflexion : Si le mystère tenu caché depuis des siècles devient manifeste aux yeux des hommes, la seule manière de le recevoir est d’accepter de se laisser conduire comme les mages. En vérité ce n’est pas une étoile qui a pu leur indiquer l’humble grotte de Bethléem – comment une étoile peut désigner une humble crèche à Bethléem et comment alors Hérode ne l’aurait trouvée lui-même !

Non, c’est leur humilité qui a permis au Seigneur de les amener jusqu’à la Révélation. Les mages ne savaient pas, ils cherchaient et se laissaient conduire. L’étoile n’est rien d’autre que l’Esprit Saint. Il se donne à ceux qui ont une âme de pauvres.Les scribes, eux qui soi-disant savaient (!) n’ont rien reçu de cette manifestation. Hérode, par jalousie, a voulu s’emparer de cette naissance par la force, il a échoué.

Ce sont toujours nos manques de pauvretés affectives et intellectuelles qui font obstacle à notre chemin vers Dieu.

La foi est un don, on ne peut que la recevoir et jamais la posséder, elle est à mendier dans la pauvreté. Et mille questions, disait Pascal, ne font pas un doute. Il en va de même du mystère de l’Église. Nos jalousies, nos peurs, notre orgueil, notre suffisance sont un mur entre Dieu et nous. La rencontre du Christ ne peut se faire que dans une relation vivante et actualisée dans la foi par la pauvreté.

Et ce qui vaut pour le Christ, vaut aussi pour l’Église : ce n’est qu’en acceptant humblement ce qu’elle nous demande, même si on ne la comprend pas toujours, que nous découvrirons la vérité adorable du visage de Dieu.

Le deuxième aspect, c’est de méditer cette image touchante des savants et des rois de ce monde venus se prosterner devant un enfant.

Ce visage de l’innocence révèle la Grandeur de Dieu et nous, comme par anticipation, fait découvrir le cœur de la Révélation : Dieu est Amour. Nous le savons, mais comme nous avons du mal à le croire vraiment. Dieu n’est pas un dominateur, un manipulateur : tout en Lui n’est qu’Amour. Et pourtant, si souvent, lorsqu’un problème survient, la réaction spontanée reste la même : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? ».

Vous n’avez rien fait au Bon Dieu. Il n’est qu’Amour et tout en Lui est une invitation à l’Amour et à la Miséricorde, mais il faut être pauvre pour le comprendre.

Le troisième aspect est la construction d’une communauté. La communauté chrétienne – la nôtre en particulier – se constitue dans une même foi, en suivant la même étoile, elle a un sens. Contrairement à la communauté politique de nos démocraties qui sont de plus en plus une collection d’individus, mais qui n’ont plus entre eux beaucoup de sens – une coquille vide.

La foi chrétienne réalise une communauté parce que nous partageons la même aspiration. Ainsi que le précise l’oraison de l’Épiphanie : « Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, aujourd’hui tu as dévoilé dans le Christ le mystère de notresalut pour que tous les peuples en soient illuminés. Donne-nous d’être assez humbles pour nous prosterner devant lui afin d’être renouvelés dans la foi, l’espérance et  l’amour. Nous serons alors à notre tour des foyers de lumière brûlant du Feu de l’Esprit, au cœur de ce monde encore plongé dans la nuit. »                              Père Nicolas de Boccard

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.