Le P Angelo médite l’évangile du lundi 30/03

Temps du Carême –  5ème semaine : Méditation du texte de l’Évangile: Lundi (A et B) (Jean 8,1-11)

En cette année liturgique (Année A), l’Eglise nous propose de méditer cette page de l’Evangile qui nous parle d’une femme qui avait commis un péché pour lequel selon la loi, elle méritait la lapidation. La femme adultère est indiscutablement coupable, personne ne le nie, pas même Jésus, qui ne la disculpe pas, mais lui pardonne – ce n’est pas la même chose.

Le Seigneur va opérer son œuvre de libération en plusieurs étapes. Jésus commence par arracher cette femme à la haine meurtrière de ses bourreaux. Heureusement que tous étaient eux-aussi des pécheurs, sans quoi s’en était fait de la coupable ! Paradoxalement, c’est le péché de ses accusateurs – et la finesse de l’intervention du Christ bien sûr – qui lui permet d’échapper à la peine capitale prévue par la Loi.

Le retournement inattendu de la situation, soulève le problème de l’interprétation juste de la Loi : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». Comment un juste pourrait-il lapider une femme, même adultère, et qui plus est, au nom de Dieu ? Quelle image une telle action véhiculerait-elle de Dieu et quelle conception de la justice ? Comment la Parole du Dieu vivant pourrait-elle inciter à tuer ? Ne nous parle-t-elle pas tout au contraire de son amour pour le pécheur – même si cet amour implique la haine du péché qui détruit celui qui le commet ?

Comme les accusateurs sont assez lucides et vrais pour ne pas prétendre être sans péché, « ils se retirent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ». Car ils ont compris que s’ils appliquent la Loi dans toute sa rigueur, ils doivent logiquement commencer par s’y soumettre eux-mêmes.

Mais si tout le monde s’en va, qu’en est-il alors de la justice légale ?

Certes, la Loi doit être observée et la condamnation doit être prononcée comme la justice le réclame, mais tout en laissant ouvert l’espace du pardon : telle est la leçon de cette péricope. C’est bien pourquoi l’Eglise récuse le recours à la peine capitale, qui se limite à une stricte application de la sanction, excluant a priori tout espoir d’un amendement ou de conversion de la part du coupable, qui auraient pu ouvrir la voie à la miséricorde. Comme le soulignait déjà saint Jean-Paul II dans sa Lettre du 1er janvier 2002, « Pas de paix sans justice ; pas de justice sans pardon ». Car l’absolutisation de la justice conduit inévitablement à faire de la Loi une idole sanguinaire qui oblige ses adorateurs à tuer au nom de Dieu.

Par son intervention, Jésus brise précisément ce cercle de violence constitué au nom de la Loi, et redonne à celle-ci sa vraie mission : avertir les égarés de la mort spirituelle qui les menace afin de les ramener sur le droit chemin : « va et désormais ne pèche plus ».

« C’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs (Mt 9, 13) ». La justice surabondante du Royaume s’accomplit dans le pardon qui libère le pécheur de son passé, le rend à sa dignité et lui permet de reprendre sa place au sein de la communauté. En l’appelant « femme » – un nom réservé à la Vierge Marie dans le 4ème évangile – Jésus rend cette personne à elle-même. Lui signifiant qu’elle existe et a du prix à ses yeux, Jésus prolonge l’œuvre rédemptrice qu’il a commencée en la sauvant de la violence physique, et la libère cette fois de l’étau de ses culpabilités intérieures qui l’empêchaient de se relever. Enfin le Seigneur parachève son œuvre en lui signifiant que son péché est pardonné, c’est-à-dire qu’elle est libérée également au niveau spirituel.

Ainsi la miséricorde divine nous libère de nos œuvres de mort et nous rend à la vie dans toutes les dimensions de notre être : corps, âme et esprit ; car le Fils de Dieu a tout assumé de notre humanité afin de la sauver dans son intégralité.

Confinés chez nous depuis quelques jours à cause du coronavirus (covid 19), continuons à prier. Plaçons-nous devant Dieu, regardons dans les yeux le Seigneur sur la croix. Il est le Roi de l’univers, maître des temps et de l’histoire. Il est Amour qui pardonne. Il nous relèvera. Confiance !

Père LALEYE Angelo

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